Le coeur au pied
Pachyonychia Congenita (PC) est une maladie génétique à expression dermatologique. Cela signifie que la mutation d'un gène provoque un changement dans la condition de celui-ci. Avec la PC, la mutation se trouve dans l'un des cinq gènes de kératine KRT6A, KRT6B, KRT6C, KRT16 ou KRT17. Dans le cas d’une PC, la mutation de l’un de ces gènes provoque la déformation des filaments de kératine, créant une fragilité cellulaire. Cela entraîne des cloques et des callosités douloureuses, une dystrophie des ongles, des kystes et d'autres caractéristiques de la PC listées ci-dessous.
Les gènes de la kératine sont des protéines fibreuses résistantes qui forment des filaments qui soutiennent et donnent forme et résistance aux cellules de la peau. Une personne a la PC si elle porte une mutation dans l'un des cinq gènes liés à la PC. Les mutations dans l'un des 54 autres gènes de kératine sont liées à d'autres troubles, symptômes cutanés qui peuvent être similaires à la PC mais qui ne sont pas la PC. Seul un test génétique peut confirmer l’atteinte de l’un des gènes de la PC.
Plus de 100 mutations différentes ont maintenant été identifiées dans les gènes liés à la PC. Celles de la PC présentent différentes caractéristiques qui varient en fonction du gène impliqué, de la mutation spécifique ainsi que des différences individuelles.
Les kératines aident les cellules à gérer la pression et les étirements.
La plupart du temps en génétique, nous ne sommes même pas au courant que nous possédons des gènes défectueux puisqu’ils n’ont aucun effet néfaste. Ceci est dû au fait que nous avons deux paires de tous les gènes (une paire provenant de notre père et l'autre de notre mère) et que le gène sain fait le travail pour les deux éléments de la paire.
Avec la PC, le gène qui a la mutation est dominant et ne laisse pas au gène sain la possibilité de prendre le relais.
Cette 1 ère image fluorescente vous montre, en vert, des filaments de kératine normaux, ils sont solides et forment un réseau structuré, ce qui permet aux cellules (en bleu) de résister aux pressions et aux étirements.
Cette 2 ème image montre la kératine d’une personne ayant la PC. Vous pouvez voir des amas de filaments qui se sont cassés sous une pression ou un étirement (marche, course, frottement, port de chaussures) et qui entraînent l’affaiblissement des cellules qui ne sont plus soutenues.
Chaque individu possède deux copies de chaque gène. Une copie est transmise par la mère et l'autre par le père. Chez une personne qui ne présente pas la PC, chaque chromosome de la kératine possède deux gènes normaux. Elle ne peut donc pas transmettre la PC à ses enfants. Ni vous, ni votre conjoint n’avez la PC, votre enfant né avec la PC, c’est qu’il y a eu une mutation CHEZ votre enfant au moment de sa conception. Aucun de vous n’est responsable de cette mutation ! Si vous n'avez pas les symptômes de la PC alors vous n'avez pas la PC. Vous ne pouvez pas transmettre un gène muté à vos enfants ou petits-enfants. La PC ne peut pas se cacher (vous ne pouvez être porteur sain d’une mutation). Si vous présentez une mutation dans un des gènes de la PC, vous serez atteint de cette maladie et aurez les symptômes qui lui sont associés.
Le facteur héréditaire est le même, que le gène muté ait été transmis par le père ou par la mère. Une personne qui a la PC possède un gène modifié (mutation) et un gène sain dans une des paires de gènes de la kératine. A chaque fois qu'un bébé est conçu, une personne qui a la PC a 50% de risque/chance de transmettre le gène modifié ou le gène sain.
La PC peut être héréditaire (héritée d'un parent qui a la PC) ou spontanée (une mutation se produisant quand aucun parent ou autre membre de la famille n'a la PC).
La PC est un trouble dominant causé par une mutation dans une seule copie du gène. Un trouble récessif n'est causé que lorsque les deux copies d'un gène sont affectées.
La PC est une maladie autosomique et n'est pas affectée par le sexe (que la personne soit un homme ou une femme).
Le modèle d'hérédité dans PC est connu comme dominant autosomique. Chaque individu possède deux copies de chaque gène. Une personne atteinte de PC présente une mutation (modification) dans une copie d'un des gènes de la kératine; l'autre copie n'est pas affectée. À la conception, chaque parent remet une copie de chaque gène à l'enfant. Le parent avec PC a 50 % de chance de passer le gène non affecté ou 50% de risque de passer le gène muté. Ceci est réel pour chaque grossesse.
Si le gène avec la mutation est transmis, cet enfant aura une PC et aura à son tour 50 % de risque de transmission à ses enfants.
Si le gène non affecté est transmis, cet enfant n'aura pas de PC et ne pourra pas transmettre le PC à sa progéniture.
La répartition de la PC n'est pas limitée ou augmentée en raison de la nationalité ou de l'origine ethnique. La PC est présente dans tous les pays et toutes les cultures, elle affecte aussi bien les hommes que les femmes.
Plusieurs tests cliniques avec plusieurs molécules sont en cours à ce jour. Tous nos espoirs se tournent vers les chercheurs et laboratoire. Lien des essais cliniques (si option traduction activée Google traduit instantanément en français)
Aujourd’hui, l’unique traitement possible n'est pas une thérapie qui guérit la maladie, mais seulement un traitement du/des symptôme(s) pour soulager. Il nécessite une bonne harmonie entre le patient, son médecin et les différents membres paramédicaux : pédicure, infirmier(es), laboratoires.... Le but est d'agir sur : l'hyperkératose, la fragilité cutanée qui engendre les cloques, l'hyperhidrose, les surinfections et surtout la douleur.
L'acitrétine (SORIATANE) par voie orale est souvent efficace. Débutée à 25 ou 30 mg/jour, les doses peuvent être augmentées par palier tous les 15 jours. Quand le résultat est satisfaisant, une dose d'entretien est nécessaire, la plus faible possible pour maintenir le résultat. Le SORIATANE est formellement contre-indiqué pendant la grossesse, car il peut provoquer de graves malformations chez le fœtus. De plus, les femmes ne doivent pas consommer d'alcool car cela provoque la libération d'étrétinate, autre dérivé médicamenteux tératogène qui, lui, ne s'élimine du corps qu'à beaucoup plus long terme (plusieurs mois voire année). Chez tous les patients, une surveillance de la fonction hépatique (transaminases SGOT, SGPT) et des lipides (triglycérides, cholestérol) est pratiquée. Les effets secondaires sont fréquents : sécheresse des lèvres, des muqueuses, de la peau, sécheresse oculaire, chute des cheveux. D'autres effets secondaires plus préoccupants pourront faire interrompre le traitement. Mais surtout le SORIATANE augmente la fragilité cutanée. Ainsi, autant certains patients voient leur état cutané considérablement amélioré, autant d'autres voient s'aggraver leurs bulles cutanées, leurs plaies, leurs infections, leurs douleurs, et donc il est impératif d’interrompre le traitement.
Le traitement local de hyperkératose est essentiel voire primordial ! un décapage manuel régulier améliora le confort, diminuera les points d’appui, de frottement. Ce décapage peut être rendu plus facile en utilisant de la vaseline salicylée ou une pommade urée. Voici différents ustensiles (liste non exhaustive) pour « décaper » l’hyperkératose pour les personnes ne pouvant ou ne voulant se rendre chez une podologue/pédicure.
Pour l’hyperhidrose, utilisation de produits locaux à base de sels d'aluminium peuvent être tentés (Etiaxil, Driclor, PM3 Promédica, ...). Le port de chaussures aérées évite la macération. Le traitement électrique Ionophérèse : c’est la méthode de migration d'ions dans un champ électrique entre 2 électrodes placées dans une solution saline. Les pieds sont placés dans des bacs remplis d'eau. L'intensité du courant est augmentée progressivement. Les séances durent 20 minutes et sont réalisées 3 fois/semaine, ce qui permet d'obtenir en 3 ou 4 semaines une diminution satisfaisante de la sudation. Ensuite, une séance hebdomadaire d'entretien suffit. Les patients apprennent à manipuler l'appareil chez un professionnel, ensuite ils peuvent acquérir ce dernier et se traiter à domicile.
En cas de surinfection (plaie enflammée, qui ne sèche pas, qui devient odorante et qui jaunit, verdit, qui démange, qui se crevasse….), il est primordial de traiter cette dernière.
L'idéal est de faire faire un prélèvement bactériologique et mycologique, avec cultures et antibiogramme, dont le résultat va guider le médecin dans le protocole à suivre :
Si bactérie/microbe : antibiotiques oraux (pénicilline, Pyostacine, Fucidine, Quinolones...), antiseptiques locaux (Chlorhexidine, Hexomédine...), antibiotiques locaux parfois (Fucidine, Mupiderm, Gentalline, Primyxine...).
Si mycose : voie orale : Nizoral, Lamisil, Trifucanet/ou localement dérivés imidazolés : Mycoster, Fungizone.
Les antalgiques sont souvent nécessaires et parfois l'intensité de la douleur est telle qu'il faut avoir recours à des opioïdes (Topalgic), voire des morphiniques.
En fonction de l'importance de son atteinte, de sa faculté à supporter la douleur, de l'évolution de sa maladie et de son expérience, chaque patient peut bénéficier du traitement « optimal » qui lui convient mais qui souvent ne va le soulager que très partiellement.